Septentrion Louis Calaferte
Livre

Louis Calaferte, « Septentrion » : Osez faire face à la vie toute crue

8 mars 2018

Cette semaine, je vous propose un décrassage avec « Septentrion » de Louis Calaferte.

 

Septentrion Louis Calaferte

Livre coup de poing qui ne peut que vous faire du bien, et avec poésie s’il vous plaît. Non, pas de s’il vous plaît, justement. Plus de s’il vous plaît. Ce livre, c’est la vie sans conditions. La revanche de l’humain sur les conventions. C’est le coût de la vie pour avoir le droit de la vivre pleinement, crûment, sans tabous, dans tout ce que le corps et l’âme nous réservent. C’est avoir le droit de goûter à tout. C’est la liberté arrachée à la souffrance de ne pas pouvoir être soi. C’est le choix de la création sur l’asservissement. La création avec un grand C. La création de soi. C’est le sacrifice pour rester vivant.

Un livre qui vous met face à vous-même, tout cru, tout nu.

Alors si vous l’osez, lisez-le, et suivez Calaferte là où il vous emmène.

 

Calaferte et son livre maudit

Louis Calaferte, naît en 1928 en Italie, à Turin. Son père meurt de la tuberculose lorsqu’il est adolescent. Il est enfant placé. Il obtient le certificat d’étude, et passe ses « années affamées » avec une rage de vivre entre usines et boulimie de lectures – dont il dit en parlant de « Septentrion » : « la connaissance c’est la vie. Point, c’est tout. Si on n’a pas ça dans la tête, on est foutu. Et ça, c’est une chose que personne n’enseigne. (…) Parce que moins il y a de connaissances, plus on peut vous étouffer. Le fait de lire, la connaissance s’acquière (…). Jusqu’à maintenant il n’y a quand même qu’un moyen, c’est le livre, parce que le reste… L’image, ça passe. » (Entretien avec Pierre Drachline, France culture 1987). « Septentrion » est un livre qui – entre autres – vous met en appétit de lire. Et bien au-delà, en appétit de vivre votre vie. Serge Joncour l’avait bien compris lorsqu’il se bâtissait petit à petit, durement, en tant qu’écrivain.  J’ai lu « Septentrion » grâce à lui, en l’écoutant en parler*, et je ne regrette pas un seul mot de ce livre que je porte toujours en moi (*« Le livre qui a changé votre vie », La Grande Librairie – France 5).

Louis Calaferte connaîtra le succès avec ses romans, le théâtre, la poésie, des essais. Il peint. Fin des années 50, il écrit son maître livre – « Septentrion », autobiographique. Le livre raconte comment son auteur devient écrivain. Il l’écrit pendant la nuit. Il travaille en journée à la radio. Il tient à ce rythme pendant quatre ans – c’est le livre qu’il met le plus de temps à écrire. Un soir enfin, il dit à sa femme Guillemette que le livre, qui dort dans un tiroir depuis un an, est fini. Le lendemain matin, il apprend que son éditeur René Julliard est mort dans la nuit. Le destin du livre frappe dès sa première heure. Qui pourra porter un tel livre ?  Il est finalement édité par « Le Cercle du Livre Précieux » de Claude Tchou. Mais suite à des plaintes, il sera interdit de vente d’abord par le Ministère de la Santé, et par celui de l’Intérieur ensuite. Pendant vingt ans, personne n’ose l’éditer. Et pourtant, dans la profession, tout le monde lit « Septentrion ». Mais personne n’ose le dire. C’est finalement De Noël qui l’édite (« en France, ce n’est jamais un texte mais une édition qui est interdite » (ibid.)). Le succès n’est pas franc, et c’est auprès des nouvelles générations que le livre trouve son meilleur écho. Aujourd’hui encore « Septentrion » se refile comme un secret. L’auteur reste « underground ». Même si Marie-Hélène Lafon, invitée chez François Busnel dans la Grande Librairie, pose ce livre comme un classique. Cette œuvre qui « raconte comment un homme invente sa vie ».  Ce qu’il mérite tout à fait selon moi. Ce récit légendaire reste encore trop tabou, sans doute parce qu’il dynamite toutes les conventions et les pudeurs, d’une liberté osée, tranchante – sans filet.

Louis Calaferte meurt, à 65 ans, en 1994, à Dijon.

« Septentrion »: l’essentiel et la liberté sans filet

Avec « Septentrion », vous suivrez Calaferte dans une descente non pas aux enfers, mais dans les profondeurs de l’Homme, de l’Humanité – au travers de sa propre vie. Explorations, vagabondages autorisés. Recommandés. Pas de place pour la liberté conventionnée, à l’intérieur des lois des hommes, Calaferte vous emmène au-delà. Avec lui, vous pourrez enfin truander la vie, la secouer comme un prunier pour en récolter tous les fruits.

Vous oserez aller jusqu’au bout, sans rien sacrifier. Ou plutôt si, tout sacrifier – sauf la vie, sauf l’humain.

C’est une œuvre d’une générosité extraordinaire, qui offre l’Homme jusque dans ses tripes, dans ses profondeurs et ses bas-fonds. « Septentrion » sonde l’humain avec une sincérité si précieuse à avouer et pourtant si rare – tant et si bien qu’elle lui a valu son interdiction, et sa lecture « silencieuse ».

Avec Louis Calaferte, vous osez vous prendre dans votre entièreté, votre complexité, vos contradictions, nues, crues, délirantes de réalisme. « L’écriture de ce livre, ça a été comme un flot sanguin. Des nuits de folies. Des nuits de passions. (…) Il y a cette espèce de jaillissement… de flot gigantesque qui est lié au lyrisme » (ibid.).

Le lire, c’est vivre.

Il ose tout, jusqu’au bout : la vie, la mort, Dieu, l’argent, le sexe. Profondément. Au-delà des attentes. Au-delà des séants bien-pensants. C’est un aveu de la nécessité vitale d’être présent au monde, qui touche, qui goûte, qui se jette dans la vie corps et âme et se roule dedans. C’est à vous faire passer l’envie de la prendre du bout des doigts, précieusement, comme quelque chose de malpropre.

Louis Calaferte fait usage des mots comme il fait usage du monde : il les prend à bras le corps, sans limites, sans entraves. Il dit à propos de « Septentrion »:  « mes origines ont fait que je n’avais pas à ma disposition de vocabulaire très étendu, et par contre, j’ai rapidement compris que celui qui avait le vocabulaire avait une force formidable.  C’est toujours valable. Et ce sera toujours valable. » (Ibid.)  N’oubliez pas : le livre – objet de liberté.

Pourquoi « Septentrion » sur des Familles et des Livres ?

Je vous parle de « Septentrion » sur un blog qui parle des livres au prisme des relations à vos proches et votre famille parce qu’il vous donnera de la distance, du lest par rapport à vos rôles de tous les jours.

Cette marge que nous réclamons actuellement en cherchant dans des portes de sortie, telles que le minimalisme, le retour à l’essentiel, etc. Mais au fond, que cherchons-nous ? Ou plutôt, « qui » cherchons-nous ?

« Septentrion » est certainement un texte que découvrira Estelle (lire un extrait) entre dans le « Cycle Simplicité » comme véritable culture qui vous nourrira, vous rendra critique et donc plus libre dans vos usages de votre quotidien, de sa simplification. Louis Calaferte vous reposera la question de la liberté que généralement on prend du bout des lèvres en restant bien emmitouflé dans notre confort. Le sacrifice dépend de la nécessité du choix, celui de la création de soi.

« Septentrion » vous montre la liberté sans condition, celle où l’individu se crée en marge des conventions. Avec toute la lourdeur du vide. Un instant. Sans filet. Dans une vie.

Je me garderai bien de vous en faire une quelconque analyse, par rapport à notre société actuelle, par rapport à nos recherches de liberté, d’essentiel et de simplicité – tant ce livre est riche, l’univers vaste et tant il se déploie dans tous les recoins. Je vous laisse en faire votre propre lecture !

Livre secret, livre interdit, livre légendaire, livre qui trace une vie… et peut-être la vie. Vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas lire et partager « Septentrion » ! Prenez votre temps pour le lire. Louis Calaferte a mis quatre ans pour l’écrire. Vous pouvez y passer quelques nuits de passion….

« Sur ce bonsoir, j’en ai assez dit… » Que la messe soi dite 😉

 

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Septentrion Louis Calaferte

 

Ou sinon, rendez visite à votre libraire ou bouquiniste préféré.

Si vous avez des amis, des proches à qui ce livre pourrait plaire, partagez cet article.

Merci, et bonne lecture!

 

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